Des essais écrits entre la fin des années 1970 et des années 1990 dans lesquels l'auteur étudie la scolarisation des enfants d'immigrés dans l'école française, analyse les politiques d'intégration ainsi que les finalités et les illusions de l'école à l'égard des enfants de la "seconde génération".
Ce dernier volet poursuit l'analyse des effets de l'émigration familiale pour comprendre la transformation des préoccupations politiques : les difficultés de l'adaptation des enfants français pour la plupart, des travailleurs immigrés. Il étudie les incidences que l'émigration et l'immigration induisent sur les usages que font les immigrés de leur culture, notamment par rapport à la religion.
Les textes rassemblés dans cet ouvrage exposent les contradictions vécues par les enfants d'immigrés algériens, leur nécessité et leur difficulté d'exister politiquement.
Plutôt qu'un essai de sociologie historique sur l'immigration, c'est une véritable lecture généalogique de trajectoires singulières que propose cet ouvrage qui rassemble des textes écrits entre 1975-1988. La composition générale elle-même qui conjugue logique chronologique et logique thématique exprime et reflète des cheminements dans des plans-séquences de mouvement-réflexion, resitue la problématique migratoire dans sa véritable dimension d'éjection-projection, de déplacement physique, social et symbolique. Parce que "fait social total" donc essentiellement paradoxal, l'émigration-immigration doit-être interrogée comme objet socialement et politiquement surdéterminé. Elle l'est ici, de façon saisissante, à travers la restitution et la mise en lumière de la parole - trop souvent inaudible - de ces "corps sans biens", sans lieu, et supposés dès lors, sans mémoire ni devenirs.
Dans cet ouvrage A. Sayad évoque la nécessaire reconstruction de l'identité nationale algérienne, forgée jusqu'ici exclusivement contre le colonialisme. La sortie de cette impasse implique la construction de l'histoire, " l'histoire au service de la recherche identitaire. " : " l'aliénation coloniale à laquelle la décolonisation n'a pu mettre fin, jointe à l'aliénation post-coloniale qui lui a succédé . ont fait de la sorte qu'il n'est d'histoire de l'Algérie qu'une histoire mutilée.Renouer les fils de l'histoire, restaurer la continuité de cette histoire, ce n'est pas simplement une nécessité d'ordre intellectuel ; c'est, aujourd'hui, une nécessité d'ordre éthique en ce qu'elle a sa répercussion sur tous les actes de la vie quotidienne de chacun d'entre nous, sur toutes les représentations qu'on se donne de nous-mêmes, de notre position au sein de la société dont nous sommes - ou serions - les émigrés. "
De son vivant le migrant est sans cesse questionné directement ou indirectement sur la question du retour au pays d'origine - qui devient une espèce de mythe avec le temps. La question de la mort se pose par contre de façon plus inidividuelle et en relation au groupe d'appartenance. In s'agit d'une épreuve de vérité pour le groupe même (famille, communauté des migrants, pays d'origine, village natal) dans la mesure où les dispositifs de rapatriement ou d'attraction pour la France mis en place de façon intra-communautaire se relèvent très importants pour la destinée du corps du migrant.
Développement de l'idée que le phénomène migratoire, émigration et immigration, manifeste des constantes qui se retrouvent tout au long se son histoire. Ces constantes constituent un fond commun qui est le produit de la "pensée d'Etat". C'est pourquoi le phénomène migratoire ne peut être décrit et interprété qu'à travers les catégories de cette pensée d'Etat.
Les migrations internationales contemporaines reproduisent à leur façon et continuent l'histoire inaugurée par l'exode rural d'autrefois. Cet ouvrage présente la synthèse de vingt années de recherches menées en France et en Algérie sur l'immigration et l'émigration. L'auteur aborde les contradictions inscrites dans la condition d'immigré, absent de sa famille et de son village, frappé d'une forte culpabilité et pourtant exclu du pays d'accueil où il n'est vu que comme force de travail.
Cet article analyse la notion de retour d'un point de vue sociologique, anthropologique, politique et économique. L'auteur étudie tour à tour les caractéristiques génériques du phénomène migratoire, la notion de retour dans la perspective d'une anthropologie totale de l'acte d'émigrer, le retour de l'absent en tant qu'entreprise de toute absence, l'absence en tant que "faute", le retour comme produit de la pensée d'Etat, l'immigration de travail et l'immigration de peuplement, l'insertion et la réinsertion en tant que continuité d'un même rapport de forces, la réinsertion comme affirmation de l'identité nationale du pays d'émigration. De fait, il existe une logique de la dénomination et des effets de la dénomination. Un des effets latents de cette logique est qu'à la condition sociale et civile d'immigré en un lieu, il existe toujours associée implicitement, et quand les circonstances s'y prêtent de manière explicite, l'idée de retour.
Bien qu'il existe une extrême diversité des situations dans le temps et dans l'espace, le phénomène migratoire manifeste des caractéristiques sociales, économiques, juridiques et politiques qui se retrouvent tout au long de son histoire. Il s'agit d'une sorte de petit commun dénominateur à la condition d'étranger qui serait le produit des catégories mentales de la société d'accueil. L'auteur qualifie de "pensée d'Etat" ces catégories nationales (voire nationalistes), dans la mesure où elles reflètent les structures de l'Etat qui sont intériorisées au plus profond de chaque individu. Le phénomène migratoire ne peut être pensé en sa totalité ni examiné qu'à travers les catégories de la pensée d'Etat. A partir d'une analyse de la double peine ainsi que d'une longue description de la manière dont l'immigré (surtout de basse condition sociale) est tenu à une sorte d'hypercorrection sociale, Sayad considère l'immigration en termes de frontières de l'Etat national même, dans la mesure où la présence de non-nationaux trouble l'intégrité de son ordre.
Le bidonville de Nanterre, émietté, s'est constitué à partir des années cinquante. Chaque vague migratoire apporte une population nouvelle, venant s'ajouter aux Algériens, Italiens, Espagnols puis Maghrébins. Devant le gonflement de la population le problème de logement devient essentiel. Les nouveaux arrivants sont rejetés et dispersés sur des territoires situés à la périphérie de la commune. Cet ouvrage relate l'histoire de ce lieu aujourd'hui éradiqué, mais qui reste présent dans la mémoire des habitants.
L'auteur parle du mythe du Kabyle «plus» travailleur, «plus» assimilable, et de manière plus générale, de l'émigration de l'Algérie vers la France intimement mêlée à l'histoire de la colonisation.
Le terme de génération évoque la référence au biologique. Épistémologiquement, la réflexion critique sociologique commande d'intégrer ce risque ainsi que ses causes et conséquences. La génération doit être pensée aussi comme un mode de classement, un objet de luttes sociales où sont engagées tout autant la personne classée que la personne qui, par cette taxinomie, classe le monde social et politique en même temps qu'elle se classe elle-même. L'immigration, en ce qu'elle naît deux fois à la société, une première fois en tant qu'apport extérieur, et une seconde fois parce qu'elle engendre une postérité au sein de la société, constitue un terrain privilégié, laboratoire où s'élabore la notion de génération et où se donnent à voir toutes les significations latentes dont est faite la relation entre soi et les autres et entre les générations.
Histoire de l'intégration et évolution des discours au travers du vocabulaire employé : adaptation, puis assimilation, insertion et enfin intégration.